Le Burnous aux mille visages
Nacer Khémir a préféré orienter sa création « le burnous »
vers le sens du mur. L’un des murs du palais El Abdellia à la Marsa où se tient
actuellement la dixième édition du « printemps des arts ». Cette mise en place,
voulue probablement par l’artiste, exprime, à notre sens, le désir de Nacer
Khémir de susciter le questionnement et l’interrogation. En effet, pourquoi
vouloir regarder un mur plutôt que de faire face à la réalité ? Est- ce la
médiocrité de la société qu’il rejette et qu’il refuse de voir ? Ou bien parce
que ce mur blanc peut offrir un espace de liberté et d’imagination plus
prometteur que les mille et unes richesses factices de la réalité. On se
demande alors si cette orientation spatiale traduit l’état d’âme de l’artiste
actuellement? Par ailleurs, Nacer Khémir trouve une idée géniale, celle de
coller au niveau du visage du burnous un morceau de miroir brisé. Celui ou
celle qui regardera le burnous en face, se verra alors à la place de son
porteur, transporté vers un monde lointain, celui de l’enfance ou du rêve ou du
conte. Le miroir brisé nous interpelle aussi sur notre identité, sur ce que
nous sommes réellement et sur ce que nous voulons devenir
Sur le mur à côté de la sculpture, l’artiste a accroché le texte
poétique suivant
Le Burnous
Cela aurait pu être le Burnous de mon père
Ou de quelqu’un d’autre
Dans la tradition, lorsqu’on couvre une personne de son
burnous
On lui offre paix, sérénité et protection
Mais dans le conte, le burnous rend invisible
Il fait disparaître les hommes et les choses
Alors, le burnous peut-il faire disparaître tout un pays
Le dernier vers du poème est sous la forme d’une question : le
burnous peut-il faire disparaître un pays ? L’artiste nous suggère t-il de le
faire disparaître le temps d’un répit, le temps d’une pause salvatrice durant
laquelle il pourrait récupérer un tant soi peu d’une humanité usée par la
médiocrité, l’opportunisme et l’artifice. Le rêve de Nacer Khémir est-il
réalisable
Chiraz Ben M’rad
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